Christelle Deckert : Hôtesse de l’année 2023
Ils sont les méconnus de l’Alsace du Nord, si riche en belles tables, de Lembach à Gundershoffen, d’Obersteinbach à Morsbronn. Dans une sorte de no man’s land campagnard avec ses deux maisons anciennes et reconstituées en plein champ, entre Pfaffenhoffen et Haguenau, Christelle et Cédric Deckert, qui ont œuvré au service de Cathy et Jean-Georges Klein, à l’Arnsbourg de Baerenthal, notamment au temps de leurs trois étoiles, lui en cuisine aux côté de Jean-Georges, l’autre en salle avec Cathy, ont créé leur propre univers. Certes, on ne se débarrasse comme ça d’une image et d’une identité qui collent à leur itinéraire de vie. Les appellations de la carte (des « savoureux apéritifs » aux « petites gâteries de fin de repas ») rappellent l’Arnsbourg dans ses jolis détours. Mais leur chemin se trace avec sobriété. Ainsi avec la cuiller de pommes de terre confite à l’huile d’olive, celle de tomate sur le même mode, le rouleau de printemps aux carottes émincées, comme la divine langoustine en carpaccio, avec sa crème au vinaigre de framboise et caviar osciètre de chez Kaviari.
On se fait plaisir avec le saint-pierre avec sa niçoise de légumes et son splendide bouillon de crevettes grises perlé à l’huile d’olive. Comme avec le fin rouget avec sa pomme de terre en fine purée, basilic et huile d’olive. Cette Alsace très méditerranéenne s’accompagne de jolis crus d’ici, choisis par le sommelier Joël Brendel, qu’on connut au Cheval Blanc de Lembach, comme le frais muscat Steinstuck 2018 de chez Muré à Rouffach, le pinot gris de Meyer-Fonné Kaefferkopf grand cru 2017 bien sec à Katzenthal, le riesling 2016 un peu perlant de Julien Boxler à Niedermorschwhir et le même cépage en Hengst grand cru 2014 élégant, riche et minéral signé Josmeyer à Wintzenheim.
On s’écarte un brin de la région avec la riche syrah de Pierre-Jean Villa en saint-joseph « Tildé » 2017, au fringant nez de violette et de mûre, histoire de s’harmoniser avec le filet de bœuf maturé aux champignons, avec son beurre à l’alsacienne et sa compotée d’échalotes au jus réduit. Les desserts valent l’applaudissement pour leur fraîcheur et leur légèreté, comme le feuilleté aux abricots avec sa crème vanillée et la jolie pinacolada en texture, très « Arnsbourg » d’esprit, mais très gourmande. L’accueil de Christelle, qui veille à tout comme une mère protectrice, est d’exception : un exemple pour tous les hôtes alsaciens .
Bref, voilà une perle à redécouvrir.
LA MERISE
7 rue d’Eschbach 67580 Laubach
Tél : 03 88 90 02 61
Site : lamerise.alsace